Article du Rolling Stone (France).
On les avait laissé assis côte à côte sur leur lit à baldaquin, jeune couple urbain résolument hype, tout droit sortis d’une séance de mode pour un magazine branché ou d’un film de Wes Anderson. On savait aussi depuis Friendly Fire que Sean Lennon était un musicien et un compositeur indéniablement doué qui préférait désormais assez judicieusement l’anonymat d’un groupe (avec sa girlfriend le mannequin Charlotte Kemp Muhl) histoire d’échapper à une écrasante hérédité. Son éclectisme revendiqué – de la B.O. d’un film arty à sa participation au Plastic Ono Band de maman via quelques écarts avec The Flaming Lips – avait tendance à brouiller les pistes. Mais si l’on gardait un souvenir sympathique du dernier The Ghost of a Saber Tooth Tiger, aux tonalités délicieusement accoustiques, nul n’attendait de lui – d’eux, devrait-on dire – un disque de la teneur de ce Midnight Sun totalement psychédélique qui risque d’en secouer plus d’un. « Charlotte n’avait seulement jamais entendu « Strawberry Fields Forever » quand je l’ai rencontrée, » déclara-t-il un jour à propos de Kemp. Il est raisonnable de penser qu’elle a suivi depuis un ou deux cours de rattrappage, même si Midnight Sun ne donne nullement, sinon de façon subconsciente, dans le pastiche Revolver/Pepper’s auquel le terme « psychédélique », au regard de l’arbre généalogique de Lennon, pourrait être associé.
Si le titre d’ouverture, « Too Deep », peut faire songer à certaines néo-planeries rock de feu Oasis, c’est bien du côté de la jeune garde (Temples, Tame Impala etc.) qu’il faut aller chercher. Dès « Xanadu » et surtout l’impressionnant « Animals », l’affaire prend une toute autre tournure: The GOASTT à travers ses compositions ambitieuses et débridées, aux harmonies et aux structures souvent complexes, rivalisent clairement avec les grands orfèvres pop de son époque (« Last Call », « Poor Paul Getty »), ce que viendra confirmer, à l’issue de ce trip sonique aux allures de kaleidoscope, les quasi sept minutes du grandiose « Moth to A Flame », véritable morceau de bravoure du disque. Certes, on dicernera bien ici ou là des réminiscences renvoyant au premier groupe de son illustre paternel (ici, un loop de guitare à l’envers, là une pincée de slide, le grain de voix, troublant, surtout, dans les parties de choeurs). Mais c’est avant toute la dimension artistique de Sean (et de sa compagne) que révèle chaque note de ce disque étrangement fascinant.
Vinyl, Album, Label : Chimera Music – No. XVIII, 2014, USA
État du vinyle : NM-, vinyle blanc
État de la pochette : NM-, w/ hype sticker
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